CEPD et Privacy Shield

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Dans un monde où la protection des données personnelles est devenue une préoccupation majeure pour les entreprises, il est essentiel de bien comprendre les différentes réglementations en vigueur. Le CEPD et le Privacy Shield sont deux mécanismes clés dans ce domaine, suscitant de nombreuses interrogations. Dans cet article, nous répondons aux questions les plus fréquentes sur ces deux dispositifs.

Qu’est-ce que le CEPD ?

Le Comité Européen de la Protection des Données (CEPD) est un organe indépendant créé par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en 2018. Il remplace l’ancien Groupe de travail des représentants des autorités nationales chargées de la protection des données, également connu sous le nom de G29.

Missions du CEPD

Le CEPD a pour mission principale d’assurer une application cohérente du RGPD au sein de l’Union européenne, en contribuant à l’harmonisation des pratiques en matière de protection des données personnelles entre les différents États membres. Pour cela, il émet notamment des analyses et des recommandations sur divers sujets relatifs à la protection des données.

Au-delà de son rôle de conseil auprès des instances européennes, le CEPD a également pour mission de coopérer avec les autorités nationales de protection des données (CNIL en France, par exemple), afin d’échanger des informations et favoriser une bonne compréhension des enjeux.

Qu’est-ce que le Privacy Shield ?

Mis en place en 2016, le Privacy Shield est un accord conclu entre l’Union européenne et les États-Unis visant à encadrer les transferts de données personnelles entre ces deux territoires. Cet accord repose sur un mécanisme d’auto-certification des entreprises, qui s’engagent à respecter un ensemble de principes et obligations pour assurer un niveau de protection adéquat aux personnes concernées.

Fonctionnement du Privacy Shield

Les entreprises souhaitant adhérer au Privacy Shield doivent se conformer à plusieurs exigences :

  • S’engager publiquement à respecter les principes du Privacy Shield en publiant une politique de confidentialité conforme.
  • Soumettre leur auto-certification au ministère américain du Commerce, qui vérifie la conformité des engagements pris.
  • Renouveler chaque année leur certification auprès du même ministère.

Le Privacy Shield prévoit également un système de règlement des litiges entre les entreprises certifiées et les personnes concernées, ainsi qu’un mécanisme de surveillance par les autorités compétentes.

L’invalidation du Privacy Shield : conséquences et alternatives

En juillet 2020, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a invalidé le Privacy Shield, estimant que cet accord ne garantissait pas un niveau de protection suffisant pour les citoyens européens vis-à-vis des lois de surveillance américaines. Cette décision, issue de l’affaire dite « Schrems II », a conduit à une situation complexe et incertaine pour les entreprises effectuant des transferts de données transatlantiques.

Les entreprises sont-elles en infraction ?

L’invalidation du Privacy Shield ne signifie pas automatiquement que toutes les entreprises ayant utilisé ce mécanisme sont en infraction avec le RGPD. Toutefois, elles doivent mettre en place rapidement des alternatives pour garantir la conformité de leurs transferts de données vers les États-Unis.

Quelles solutions adopter ?

Plusieurs options existent pour remplacer le Privacy Shield :

  1. Les clauses contractuelles types (CCT) : il s’agit de contrats préétablis par la Commission européenne, qui encadrent les transferts de données vers des pays hors de l’UE en garantissant un niveau de protection adéquat.
  2. Les règles d’entreprise contraignantes (Binding Corporate Rules ou BCR) : ces dispositifs internes permettent aux sociétés multinationales de réaliser des transferts de données entre leurs filiales situées dans différents pays.
  3. Le consentement explicite des personnes concernées : cette option, cependant, est généralement considérée comme peu fiable et difficile à mettre en œuvre.

Toutefois, il convient de noter que même ces alternatives sont actuellement sous le feu des critiques et pourraient être remises en question à terme. Le CEPD a d’ailleurs publié des recommandations pour guider les entreprises dans l’évaluation et la sécurisation de leurs transferts de données.

Quel avenir pour le Privacy Shield ?

Dès l’invalidation du Privacy Shield, les autorités européennes et américaines ont exprimé leur volonté de travailler ensemble à l’élaboration d’un nouvel accord qui garantirait un niveau de protection adéquat. Les négociations sont en cours et plusieurs points clés devront être abordés, tels que :

  • Le renforcement des engagements pris par les entreprises certifiées, y compris pour limiter l’accès aux données par les autorités publiques américaines.
  • Une meilleure sensibilisation des personnes concernées à leurs droits et recours.
  • Un contrôle plus strict de l’application du dispositif par les autorités compétentes.

Cependant, il est encore difficile de prévoir quand et sous quelle forme un nouvel accord pourrait voir le jour, tant les défis liés à la conciliation entre la protection des données personnelles et les impératifs de surveillance nationale sont complexes.